3 catastrophes technologiques qui ont marqué l’histoire
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Ha ! Les hommes ! Toujours à jouer à qui a la plus grosse ! Mais à force, ça peut finir par devenir dangereux, surtout dans le monde des objets et de la technologie.
Le Dirigeable Hindenburg
Aller, on commence par cette aberration aéronautique qu’est le dirigeable Hindenburg. Ce mastodonte mesure 245 mètres de long, 45 mètres de hauteur et 47 d’envergure. Un énorme tas de gaz ! Jusqu’à 200 000 mètres cube enveloppé dans 34 000 mètre carré de toile. C’est le plus grand dirigeable du monde. L’engin est destiné aux voyages commerciaux, et il est particulièrement bien aménagé : des salons chics, des vrais lits pour dormir, un restaurant où l’on peut dîner à tabler, et même un piano ! Un paquebot de croisière qui navigue dans le ciel et mouille sa coque à l’eau des nuages. Hooo que c’est beau !
Bon, c’est un joli machin, d’accord, mais c’est un machin nazi. Hitler ! Encore ! Je déteste ce type… Eh bien, comme toujours avec lui, il veut avoir la plus grosse, et donc démontrer la supériorité allemande dans le domaine de l’aéronautique. Le gigantisme est ici un outil de propagande. Cependant, les Américains empêchent le IIIème Reich de posséder suffisamment d’Hélium. Alors, les nazis remplissent leur dirigeable géant d’hydrogène, un gaz ultra-inflammable. Vous voyez venir le problème ?
On est le 6 mai 1937, en fin d’après-midi. À la base aéronavale de Lakehurst dans le New Jersey, on attend la venue du Hindenburg. Le ciel est couvert, l’air est lourd et une foule immense est venue pour assister à l’arrivée du colosse des airs. Des familles, des simples badauds, mais également des journalistes et des photographes. Un orage l’a retardé. Et puis… Il arrive. Tout petit au loin, il se rapproche et grandit. Son avancée est hypnotique. C’est un géant silencieux qui plane, la technique semble relever de la magie.
Il est maintenant proche de la terre ferme, et tout le monde manœuvre pour poser le dirigeable. Les membres d’équipage jettent un filin d’amarrage au sol, mais celui-ci, mouillé, provoque une petite décharge électrostatique. Ayant traversé un orage, le dirigeable était chargé électriquement. La différence de potentiel provoque une toute petite étincelle, celle-ci enflamme quelque chose à l’arrière du dirigeable. Une légère fuite de gaz dans un ballonnet avait permis que s’accumule l’hydrogène qui prend maintenant feu. Catastrophe ! Tout s’embrase en quelques secondes. Un feu de joie ! Les passagers n’ont que quelques secondes pour réagir : ceux qui le peuvent sautent dans les airs pour échapper au brasier. Après 14 mois de bons et loyaux services, le dirigeable géant se consume en 34 secondes. Au sol, il ne reste qu’un tas de cendres et les anneaux de métal déformés, comme les côtes d’une baleine échouée sur la plage… 36 personnes sont mortes sur les 97 à bord. Et rien n’a échappé à l’ensemble des journalistes présents, qui feront leurs choux gras de cet incident tragique.
Le cri du reporter radio Herbet Morrison, « Oh, the humanity ! » fait le tour de monde, et signe la fin de l’épopée du voyage en dirigeable. Plus personne ne veut foutre le moindre pied dans un engin pareil ! Les avions prendront le relais, plus rapides et plus sûrs.
Et voilà comment le symbole ultime du transport de luxe est devenu en un éclair un véritable cauchemar en direct. Le Hindenburg reste un rappel brutal de la fragilité de nos ambitions : il suffit parfois d’un petit grain de sable — ou d’une simple étincelle — pour réduire en cendres les plus grands rêves.
Le Barrage de Vajont
Nous sommes dans la nuit du 9 octobre 1963. Les Italiens de la vallée du Vajont, située au cœur des Dolomites, dorment paisiblement. Un immense barrage hydraulique fournit toute la région en électricité. Il peut résister à n’importe quelle pression, alors pourquoi s’inquiéter quand on est protégé par une muraille en béton de plus de 250m de haut ?
Hélas ! La nature qu’on croit dompter reste sauvage. Ce soir-là, un grondement sourd empli la vallée, c’est la montagne qui s’éveille et qui fait trembler le sol. Des millions de mètres cube de roches viennent de se détacher d’une paroi. Tout le flanc de la montagne s’effondre dans le lac de retenue, provoquant une vague colossale qui passe littéralement par-dessus le barrage. Tout est emporté sur son passage. Les arbres, les routes, les maisons, et vous qui êtes encore en pyjama dans votre plumard ! Un tsunami en pleine montagne.
En moins de cinq minutes, plusieurs villages, dont celui de Longarone, sont rayés de la carte. La vague s’épuise rapidement, mais elle ne laisse dans son sillage que boue, désolation, silence et mort. L’arrivée des secours ne pouvait être que trop tardive...
Pourtant ! Le barrage lui-même est encore debout, intact, solide et droit. Alors, l’accident lui est-il lié ? Bien sûr. D’abord, un lac de retenue n’a rien de naturel. Et puis les géologues et les villageois avaient tenté vainement d’alerter les pouvoirs publics sur l’état de la montagne qui se fissurait. Et donc ? Trop de confiance en leur œuvre technique, les pouvoirs publics n’ont pas cru un désastre possible. Alors pourquoi changer à grand frais des plans biens établit, et sécuriser ou évacuer les villages ?
Un tel drame devrait nous rendre plus humble face à nos désirs de maîtrise de la nature. Le barrage était bien construit, mais aussi titanesque soit-il, il restait peu de choses face à une montagne en colère ! Le barrage du Vajont, c’est un excès de confiance qui aura tué des êtres humains par milliers.
La Navette Challenger
C’est le matin en Floride. Il fait très froid ce 28 janvier 1986 au centre spatial Kennedy. Alors que le soleil est à peine levé, la foule s’est déjà amassées dans les zones d’observations aux abords de la rampe de lancement. Une nouvelle fois, des familles et des journalistes sont là pour un observer un grand spectacle, auxquels s’ajoutent tous les passionnés d’astronomie et une ribambelle d’écoliers. La navette spatiale challenger va bientôt s’élancer vers l’infinie, et au-delà ! Quelle excitation ! Ce n’est pas la première fois qu’une navette est envoyé dans l’espace, mais c’est la première fois qu’une telle navette accueille une civile à son bord. En l’occurrence, la professeure de science sociale Christa McAuliffe. Le président Reagan souhaite voir un jour l’espace accessible à tous. Christa avait donc été choisi par la NASA, après un très difficile processus de recrutement, pour représenter cette possibilité, elle, enseignante féministe, symbole de la middle class américaine. Sa mission : donner un cours sur la comète de Halley en directe depuis l’espace.
Les minutes s’égrènent, et soudain, la voix du contrôle au sol retentit au haut-parleur :
« …3, 2, 1, décollage ! »
Dans un tonnerre assourdissant, les moteurs se mettent à rugir et la fusée s’arrache de la plateforme, laissant derrière elle un long panache blanc qui monte lentement vers le ciel azur. La foule explose de joie, on applaudit, on s’embrasse. Pendant un instant, c’est la magie pure : après des jours de reports pour cause de météo capricieuse, voilà enfin Challenger en route pour les étoiles.
Les soixante-dix premières secondes filent dans l’euphorie. La présence d’une civile à bord à provoquer un vaste engouement populaire : les caméras de télévision retransmettent l’ascension en direct à des millions de téléspectateurs. L’équipage encaisse les joules de la poussée, tandis que les spectateurs poussent des cris de joie.
Et puis… La trajectoire de Challenger dévie. Trois secondes plus tard, une explosion déchire le ciel… Le monde entier assiste, en direct, à la désintégration de la navette spatiale. La foule observe en silence les débris fumant retomber lentement vers l’océan…
Christa McAuliffe et les six autres astronautes n’auront pas souffert.
Sur le pas de tir, les ingénieurs sont tout autant tétaniser que les pauvres écoliers qui rêvaient d’aventure et de conquête. Quelques pleures rompent timidement le silence de plomb...
Dans le ciel, la fumée se dissipe, en même temps qu’un rêve américain. Alors ? Que s’est-il passé ? Un simple joint d’étanchéité avait cédé à cause du froid, laissant s’échapper des gaz brûlants. Ceux-ci ont perforé le réservoir principal, qui s’est embrassé en un instant. Comme Achille, un tout petit et ridicule point faible aura eu raison du titan.
Achille à eu Homer pour conter l’épopée de son talon, la navette Challenger a eu une diffusion en direct par les chaînes de télévision… Dans les deux cas, le rêve d’une gloire immortelle d’un géant s’est brisé sur un détail mortel.
Conclusion
Trois objets, trois catastrophes, mais une seule leçon : le progrès se paye. Nous ne maîtrisons pas tout. C’est la honte prométhéenne : nous ne sommes pas à la hauteur de notre propre pouvoir technologique. Nous construisons des objets colossaux sans avoir la capacité d’anticiper tous les risques qu’ils nous font encourir. Cela devrait nous pousser à y réfléchir. Je vous invite à y débattre en commentaire !
